lundi 12 octobre 2009

Roman Cindy Manche au soleil - chapitre 4 : Baie des anges

Si vous n'avez pas lu les épisodes précédents, découvrez les dans la colonne de droite

Entre Amélie Berthé et Lucie Ferre, le coeur d'Eva Kanss balançait. Qui serait son alliée pour la mener jusqu'au propriétaire du sexe sectionné maintenant bien enfermé dans sa boîte bento -ou du moins à celui ou celle qui le lui avait transmis- mais aussi à mettre la main sur Cindy Manche qui, décidément, ne se décidait pas à revenir à son bureau.

Et pour cause, Cindy Manche était face à Bernard Cèlement, Président de La Société, prêt à se débarrasser d'elle si elle ne lui laissait pas gracieusement exploiter sa méthode de méditation transcendantale interurbaine. Mais Cindy avait trop investi dans son projet : elle s'était vue, pendant des semaines, enfin libre, enfin débarrassée de la hiérarchie, prête à avancer vers des horizons nouveaux, détachée des entraves de La Société. Il lui était impossible de revenir en arrière, de renoncer à ses rêves. Et pourtant là, perturbée par la terrifiante silhouette impeccable de Bernard Cèlement, par son sourire carnassier, par son parfum élégant, par sa voix qui savait se faire tour à tour douce ou insistante, elle ne voyait que deux solutions : céder ou aller s'écraser 13 étages plus bas.

C'était sans compter sur la puissance incroyable du cerveau, sur la capacité de l'humain à se sortir des pires situations, à cet instinct de survie inouï évoqué souvent par les survivants des crashs d'avion, des tremblements de terre, de toutes les catastrophes auxquelles les pauvres hommes sont soumis. Il avait suffi d'un éclair. Un éclair de lumière venu d'un bâtiment voisin, sans doute une fenêtre ouverte ou fermée ayant heurté un rayon de soleil. Cet éclair avait atterri dans l'oeil de Cindy et engendré une série de réflexions fort utiles. C'était l'éclair de génie.

Cindy avait vite remarqué que le bureau de Bernard Cèlement n'était équipé d'aucune caméra. Ce qui semblait normal. On était ici dans le Saint des saints et il devait s'y passer des vertes et des pas mûres, à l'image de la situation de ce jour. Il n'y avait donc aucun témoin vidéo de cette rencontre. Et, il n'y avait donc aucune raison de ne pas se défendre. Pour Cindy, la seule solution envisageable était de faire subir à Bernard Cèlement le sort qu'il lui réservait. Elle sourit à l'idée de ce qu'elle allait faire...

Eva Kanss avait opté pour pile ou face. Elle balança une pièce de un euro sur son bureau. Face ce serait Lucie, pile Amélie. La pièce tomba en équilibre sur son clavier d'ordinateur. « Mince, cassé »... Eva voyait des signes partout. En plus de son comportement maniaque, c'était l'une de ses caractéristiques. Elle en conclut donc, qu'elle devait changer ses plans. La pièce lui montrait qu'elle ne pouvait faire un choix radical... C'était donc vers ses deux collègues qu'elle allait se tourner. Mais elle allait agir avec discrétion. D'abord, elle décida d'envoyer un mail aux deux assistantes. « Chères amies, je me pose quelques questions sur La Société, son histoire, le parcours de ses dirigeants, les rumeurs qui l'ont fait frémir... » Elle cliqua sur envoyer et respira un bon coup. Elle savait qu'elle venait de faire le bon choix.

A l'instant même où son mail quittait l'écran de son ordinateur pour traverser divers réseaux et serveurs, une machine bien entraînée détecta l'association dangereuse des mots La Société, dirigeants, rumeurs. Et plusieurs voyants rouges s'allumèrent au service sécurité de Hervé Yograin.

Cindy était prête. Elle sourit en fixant Bernard Cèlement. « Je n'ai pas le choix, je comprends, susurra-t-elle sensuellement. Je peux ? », fit-elle en ébauchant un mouvement pour se lever. Elle misait sur son charme. Et il agit. Bernard Cèlement avait été informé par ses services de surveillance que Cindy était équipée d'un postérieur enthousiasmant et il avait-là l'occasion de juger sur pièce.

Bernard Cèlement était un homme heureux. Il avait entre ses poings le pouvoir dont il avait toujours rêvé. A force de dîners en ville, de soirées mondaines, de SMS ciblés, de discours bien préparés, de poignées de mains tendues au bon moment, de saloperies dissimulées, de coups bas bien préparés, d'hypocrisie parfaitement distillée... il avait atteint le but qu'il s'était fixé le jour où il avait intégré son Ecole de Commerce. Devenir le maître d'une prestigieuse Société. Mais bien qu'il soit comblé, certains détails du quotidien lui échappaient. Certes, il fréquentait de charmantes starlettes télévisuelles prêtes à tout pour occuper le devant de la scène. Mais, souvent coincé au sommet, il passait à côté de certains plaisirs populaires comme le postérieur de certaines assistantes. Heureusement, qu'on le tenait au courant de ces détails cruciaux. Et l'arrière-train remarquable de Cindy Manche avait fait l'objet d'une note d'information interne.

Cindy Manche se leva donc mettant en valeur au mieux son atout majeur. Bernard Cèlement baissa alors sa garde pour admirer le chef d'oeuvre. C'est ce moment que Cindy choisit pour le pousser à travers la baie vitrée.

Ce que Cindy ignorait c'est que, par le trou de la serrure de la porte de communication entre son bureau et celui du Président, Adam Longh, Directeur général, adulé par le conseil d'administration pour ses indéniables qualités de cost cutter avait assisté à la scène. Il s'était bien gardé d'intervenir quand il avait vu Cindy Manche d'un geste habile balancer Bernard Cèlement à travers la vitre. Il s'était même dit : « Chouette ».

Une pensée immédiatement coupée par le bip de son BlackBerry : c'était un message des services de Hervé Yograin, un mail émanant de l'ordinateur d'une assistante de direction nommé Eva Kanss venait d'être classé en code 9, soit un degré avant le code 10... L'heure était grave.

Comment Cindy Manche va-t-elle sortir du bureau présidentiel ?

Bernard Cèlement va-t-il vraiment s'écraser 13 étages plus bas ?

Que mijote Adam Longh ?

Eva Kanss va-t-elle finir dans les bureaux de Hervé Yograin ?

Vous le saurez en lisant le prochain épisode du Roman-Feuilleton du lundi

1 commentaire:

  1. Super ! Vraiment bien. J'attends la suite impatiemment; comme chaque lundi.

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